Faire appel aux neurosciences pour améliorer l’apprentissage
Date de parution
21/07/2021
Aujourd’hui, nous avons de plus en plus de données sur le fonctionnement du cerveau et sur son processus d’apprentissage. Grâce aux découvertes scientifiques des dernières décennies, nous savons que les neurosciences peuvent apporter une contribution importante dans l’amélioration du parcours apprenant. Erwan Devèze, auteur, conférencier et spécialiste des neurosciences nous partage son précieux savoir pour mieux comprendre le fonctionnement cérébral. Ainsi, nous découvrirons comment mettre en œuvre cette science dans le domaine de l’andragogie.
Apprendre efficacement en 4 étapes clés
Démarrons avec 4 points importants pour mettre son cerveau dans de bonnes conditions afin de maximiser la rétention d’informations.
L’attention
De nos jours, nous sommes dans un contexte de guerre attentionnelle permanente : mails, notifications, écrans, pollution sonore, pollution visuelle, réseaux sociaux, smartphones… Il y a autant d’outils et d’évènements que de raisons de dévier son attention. Or, sans attention, il n’y a pas d’apprentissage possible.
L’engagement actif
En recherchant un engagement actif, nous faisons appel à la motivation intrinsèque : c’est-à-dire la motivation qui découle directement de l’activité réalisée. Un apprenant motivé est un apprenant dont l’enseignement est efficace !
Le retour d’informations
Au lieu de donner des « feedbacks » négatifs, évitez les sanctions et les jugements qui ont tendance à inhiber la capacité neuronale. À la place, optez pour des célébrations positives, de la reconnaissance et des encouragements. Bien sûr, il ne faut pas oublier de faire des retours pour démontrer comment s’améliorer. Cependant, pensez à cibler la pratique, pas la personne.
La consolidation
Le cerveau apprend par la répétition. Rappelons-nous de la courbe d’Ebbinghaus, qui démontre que 80 % des informations disparaissent un mois après l’enseignement sans effectuer de rappel. Lorsque nous apprenons un enseignement, nous créons un réseau neuronal communiquant. Il est important de consolider celui-ci grâce à des répétitions, que l’on va par la suite espacer progressivement. Chez Callimedia, nous utilisons très largement cette technique issue des neurosciences, comme nous vous l’avions déjà présentée en parlant des formations de mobile-learning.
Coupler les neurosciences et l’intelligence artificielle
Un excellent outil pour compléter cet effort individuel réside dans l’utilisation de l’intelligence artificielle. Comme nous le présentait si bien Artem Ismailov durant l’épisode 9 de notre podcast Never Stop Learning, auquel nous avons dédié un article ; l’intelligence artificielle permettrait de collecter des informations sur les individus de manière précise. De ce fait, nous pourrions proposer les méthodes qui conviennent le mieux à chaque apprenant.
Rendre l’apprentissage agréable
Lorsqu’une dimension ludique est intégrée au parcours d’apprentissage, nous activons les neurones dopaminergiques, impliquées dans le système de la récompense cérébrale. La dopamine irrigue l’hippocampe, une zone du cerveau en partie motrice de l’apprentissage. On place ainsi l’hippocampe dans les meilleures conditions pour apprendre, ce qui réduit le coût en effort de l’enseignement.
Cependant, il faut faire appel au système dopaminergique avec prudence, car celui-ci reste tout de même complexe. Il peut être intéressant pour le système de récompense, mais attention à ne pas trop en abuser, car le circuit dopaminergique est addictif. Cela implique une possibilité de développer un syndrome de manque, qui est très délétère, car il active le circuit de la menace. Le système neuronal devient alors complètement bloqué et l’apprentissage n’est plus possible.
La neuropsychologie nous présente deux systèmes de plaisir que nous pouvons intégrer dans un système de récompense :
- Le plaisir hédonique : Il a un effet immédiat et agit sur le court terme. Exemple : manger un carré de chocolat.
- Le plaisir eudémonique : Il fait appel aux notions de sens, d’enjeux. Il agit sur le long terme. Exemple : obtenir un diplôme.Tout l’intérêt du système de récompense consiste à trouver un équilibre entre ces deux notions pour un apprentissage optimal.
Apprendre tout au long de sa vie
Le cerveau adore la routine, qui lui permet une économie d’énergie. Paradoxalement, pour être en bonne santé, il faut que le cerveau apprenne dès les premières heures de son existence jusqu’aux dernières. Bien que l’apprentissage soit plus aisé durant les premières années de la vie grâce à la vitalité synaptique, nous pouvons apprendre à tout âge.En effet, contrairement à ce que l’on peut penser, les capacités d’apprentissage ne sont pas réduites à néant après 25 ans. Avant ce cap, le cerveau est en phase de maturation, ensuite, il continue d’évoluer durant toute la vie en fonction de différents éléments :
- Mode de vie,
- Activité,
- Environnement,
- Stimulation,
- Alimentation…
Une fois les 25 ans passés, un processus de rigidification se met à l’œuvre. La plasticité neuronale réduit, on observe alors une baisse des systèmes perceptifs et de la capacité de mémorisation. Cependant, tout cela se travaille, notamment grâce à l’apprentissage. Pour ralentir ce « vieillissement cérébral », nous devons être des apprenants permanents.
Le temps d’apprentissage idéal
Le temps d’apprentissage optimal dépend directement de la motivation liée à l’activité. Si la motivation intrinsèque est très forte, on peut facilement être captivé jusqu’à 1h30 en restant efficace. Si au contraire, elle est très faible ou si l’interlocuteur n’est pas très engageant, on peut décrocher au bout de 5 minutes.
L’une des structures du cortex cérébral, le réseau de saillance, permet de trier la multitude de stimuli internes et externes afin de déterminer lesquels sont dignes d’attention. En jouant sur la surprise et les sens de l’apprenant, il est possible de capter son attention et de maximiser son temps d’apprentissage optimal.
Attention toutefois à respecter les temps de pause du cerveau. Il est important de se déconnecter complètement afin d’oxygéner son cerveau : aller marcher dans la nature 5 minutes, boire un verre d’eau, faire de la cohérence cardiaque…
Forcer la stimulation du cerveau est contre-productif, il faut respecter les temps naturels d’apprentissage.
Améliorer sa mémoire
Nous ne pouvions pas aborder le sujet des neurosciences sans parler de la mémoire. La mémoire à long terme se découpe en trois phases : l’encodage de l’information, son stockage et sa récupération sur le long terme. Le véritable enjeu de la mémoire réside dans le passage de la mémoire à court terme vers celle à long terme. Pour optimiser ce passage, il existe plusieurs éléments applicables :
Redevenir des apprenants
Enfin, pour renforcer et protéger son cerveau, la clé réside dans l’apprentissage continu. Essayons de faire toujours un peu mieux, de découvrir de nouveaux enseignements et de diversifier nos apprentissages. Il existe énormément d’activités intéressantes : apprendre une langue étrangère, une danse, une compétence, découvrir une formation e-learning, écouter un super podcast…Les choix n’ont de limite que votre imagination. Never Stop Learning !
Découvrez notre podcast Never Stop Learning
Cet article est construit à partir de l’échange entre l’auteur et conférencier Erwan Devèze et Gérard Peccoux, président de Callimedia, durant l’épisode 11 et l’épisode 12 de notre podcast Never Stop Learning. Si vous voulez en apprendre plus sur l’andragogie, n’hésitez pas à parcourir les autres épisodes de notre podcast. Vous pouvez également vous plonger plus en profondeur dans les neurosciences en parcourant les différents ouvrages de Erwan Devèze.
Sources
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/25406711/https://www.inserm.fr/information-en-sante/dossiers-information/chronobiologie#:~:text=La%20chronobiologie%20correspond%20%C3%A0%20l,son%20d%C3%A9r%C3%A8glement%20sur%20la%20sant%C3%A9.
https://www.futura-sciences.com/sante/definitions/corps-humain-plasticite-cerebrale-15833/
https://www.mouvementsmq.ca/blogue/hedonisme-ou-eudemonisme ]