Quels sont les enjeux des organismes de formation digitale ?

Date de parution

16/06/2022

Pierre Monclos est Expert en Digital Learning et le Directeur Ressources Humaines de UNOW. L’une de ses missions consiste à effectuer une veille approfondie sur les évolutions de la formation. Ainsi, il inspecte les innovations émergentes des thématiques telles que la pédagogie, les technologies, les règlementations et les financements. Par son expertise sur le sujet, Pierre Monclos nous éclaire ici sur les caractéristiques et les enjeux des organismes de formation digitale. Nous verrons ainsi quels sont les ingrédients nécessaires à l’élaboration d’une formation professionnelle à distance efficace.

Qu’est-ce qu’un organisme de formation digitale ?

Pour répondre à un besoin de développement des compétences, une entreprise possède deux choix. Celle-ci peut décider d’internaliser la création d’une formation dédiée, en relation étroite avec son service des ressources humaines, ou faire appel à un organisme de formation professionnelle.

Le rôle des organismes de formation digitale

Un organisme de formation digitale crée et déploie des formations 100% en ligne sur une plateforme d’apprentissage dédiée (LMS), en collaboration avec des formateurs. Cette plateforme en ligne permet aux apprenants de consulter des ressources pour développer un savoir et effectuer des activités afin de cultiver de nouvelles compétences.

L’organisme de formation traite ces différents éléments de manière interne ou externe. Par exemple, certains organismes ne possèdent pas leur propre plateforme d’apprentissage, tandis que d’autres font appel à des formateurs freelances pour créer ou animer les formations. En revanche, investir sur une internalisation entière du process présente l’avantage de maîtriser l’expérience de formation. Cela permet à l’organisme de continuer à améliorer continuellement l’expérience utilisateur ainsi que l’efficacité des formations et de la plateforme.

Depuis le 1er janvier 2022, les organismes de formation ont la nécessité d’obtenir la certification Qualiopi. Celle-ci aide à formaliser la façon dont les formations sont construites et déployées, dans un sens de qualité. Cependant, aucun lien n’est fait quant à la pédagogie des formations présentées. Selon Pierre Monclos, un troisième niveau de certification pourrait être nécessaire afin de présenter un gage d’efficacité pour les organismes de formation.

On ne s’improvise pas organisme de formation digitale

Deux années de crise sanitaire ont fait naître un consensus dans la formation professionnelle : on ne peut pas transposer une formation présentielle en formation digitale. Une simple classe virtuelle ne peut pas remplacer un parcours de formation présentiel et sera toujours moins efficace qu’un parcours de formation digitale, cela pour deux raisons :

  • D’un point de vue pédagogique: l’apprentissage doit être étalé dans le temps et doit permettre une mise en pratique favorisant l’ancrage mémoriel, cela grâce à l’implémentation de modalités variées.
  • D’un point de vue cognitif: Nous avons tendance à fatiguer et à nous déconcentrer beaucoup plus rapidement seuls face à un écran. 2 à 3 jours consécutifs de classe virtuelle font apparaître une fatigue cognitive incompatible avec l’apprentissage.

    Pour certaines grandes entreprises, il reste encore difficile de trouver des alternatives aux classes virtuelles, car les propositions existantes ne présentent pas vraiment d’autres options. Cependant, il faut garder à l’esprit que de nombreux organismes de formation ont souffert d’une réadaptation forcée, rapide et difficile. Ceux-ci ont dû réinventer leur modèle économique, créer des contenus digitaux de qualité et investir dans une plateforme LMS.

    Aujourd’hui, l’enjeu pour de nombreux organismes consiste à rapidement être en mesure de proposer des formations adaptées à des modalités à distance. Bien que nous ne puissions pas calquer le format présentiel pour créer un parcours digital efficace, nous pouvons néanmoins réadapter des concepts présentiels déjà existants, tout en gardant un objectif prioritaire : répondre au besoin de développement des compétences.

  • Développer une formation professionnelle à distance efficace

    Pendant longtemps, le secteur de la formation professionnelle ne se souciait que très peu de l’efficacité des formations déployées. On se contentait d’identifier un besoin en formation et d’y répondre, sans vérifier que les compétences apprises soient acquises et transposées en situation de travail. Ces dernières années ont également mis en lumière la nécessité de proposer des formations pédagogiquement pertinentes, ayant un impact quantifiable sur le comportement des apprenants lorsqu’ils sont à leurs postes de travail. Chez Unow, ils appellent cela l’impact learning.

    Les ingrédients pour rendre une formation digitale effective

    Selon Pierre Monclos, il existe 3 ingrédients essentiels pour rendre une formation à distance efficace. Ces ingrédients sont également valables pour les formations présentielles, à la condition de ne pas être substituables lorsqu’il s’agit de formation digitale.

    1 - La mise en pratique

    Nous apprenons lorsque nous faisons, en étant actifs. Nous n’apprenons pas de manière pérenne en regardant une vidéo ou en écoutant quelqu’un de manière passive, sans mettre en action les informations rencontrées. Pour engager les apprenants dans une dynamique d’apprentissage efficace, il faut maximiser la mise en pratique dès le début de la formation, sans étaler de trop grandes notions théoriques.

    2 - La dimension collaborative

    Nous apprenons beaucoup plus efficacement à plusieurs. Il faut recréer la promotion qui existe en présentiel, pour générer de la cohésion, mais aussi pour susciter l’entraide entre les apprenants. Parfois, il semble plus simple d’apprendre de ses pairs, qui ont souvent les bons mots pour expliquer certaines notions.

    3 - L’accompagnement du formateur

    Ce n’est pas parce que la formation se déroule à distance qu’il faut d’autant plus éloigner le formateur, au contraire. Il paraît nécessaire de trouver des astuces pour le rendre omniprésent, afin de garder l’humain au cœur de la formation. Pour cela, nous pouvons tirer bénéfice de la dimension synchrone et asynchrone qu’offre le format digital. Nous pouvons décupler la valeur du formateur, car la formation est étalée dans le temps, ainsi, le formateur n’est pas contraint d’apparaître tout le temps en direct.

    Améliorer la formation professionnelle

    Bien que nous mettions l’accent sur la formation digitale dans cet article, l’hybridation de la formation reste essentielle. Aujourd’hui, nous avons le choix de faire des formations présentielles ou à distance. Il faut tirer le meilleur parti de ces deux dimensions, dans un souci d’efficacité pédagogique, toujours au service du développement des compétences. Enlever la dimension présentielle lorsque cela ne présente pas de pertinence pédagogique n’est pas nécessaire.

    Afin de se lancer dans une dynamique d’amélioration de la formation professionnelle, il faut raisonner en parcours de formation et non plus en e-learning, SPOC, séminaire ou classe virtuelle. Nous devons établir un lien entre les compétences qui sont à développer et la meilleure manière d’atteindre ces objectifs, au travers de la multitude de modalités qui existent.

    Enfin, nous devons mesurer l’efficacité de la formation avant, pendant et après la formation, afin de nous assurer que l’apprenant est en mesure d’appliquer les notions apprises au cours de la formation lorsqu’il est en situation de travail. Le modèle Kirkpatrick est un exemple de système applicable et efficace pour évaluer l’efficacité de la formation.

    Découvrez notre podcast Never Stop Learning

    Cet article est construit à partir de l’échange entre Pierre Monclos et Gérard Peccoux, président de Callimedia, durant l’épisode 28 de notre podcast Never Stop Learning. Afin d’approfondir le sujet de la formation digitale, nous vous recommandons d’écouter l’intervention entière de Pierre Monclos, ou de consulter son blog rh42.co