Mémoriser efficacement : comment fortifier l’ancrage mémoriel ?
Date de parution
21/04/2022
La mémoire détient un rôle essentiel dans l’apprentissage. Comprendre le fonctionnement de la mémorisation pour la rendre efficace et pérenne constitue un enjeu majeur afin d’améliorer la formation. Dans cet article, Jean-Yves Ponce nous partage son avis d’expert sur le sujet. Auteur de plusieurs best-sellers sur les sujets de la mémoire, de la concentration et de l’efficacité en termes d’apprentissage, vous pouvez retrouver les nombreux articles ainsi que les ouvrages de Jean-Yves Ponce sur son site potiondevie.fr.
Les différents types de mémoires
Il existe plusieurs catégories de mémoires, et toutes ne sont pas employées en même temps ni de la même façon selon les besoins et les objectifs. Concernant l’apprentissage, Jean-Yves Ponce distingue trois grands types de mémoires : la mémoire de travail, la mémoire procédurale et la mémoire séquentielle.
La mémoire de travail
Plus communément appelée la mémoire à court terme, la mémoire de travail entre en jeu dès que nous sommes confrontés à de nouveaux concepts. Lorsqu’il y a de nombreuses informations, il devient difficile de tout mémoriser, car il n’y a pas beaucoup de « place » pour les stocker dans la mémoire de travail.
Voilà pourquoi apprendre à conduire peut s’avérer difficile les premières fois : le concept est nouveau et les informations à intégrer sont nombreuses. Nous utilisons également la mémoire de travail lorsque nous apprenons par cœur, ou lorsque nous répétons les informations.
La mémoire procédurale
Lorsque nous avons suffisamment révisé un apprentissage, l’action devient automatique. C’est à ce moment que la mémoire procédurale entre en jeu. Nous pouvons y parvenir par la sollicitation extrême de la mémoire de travail, bien que ce ne soit pas la méthode la plus efficace. Pour reprendre l’exemple de la conduite, lorsque l’apprentissage est acquis, nous n’avons plus besoin de réfléchir intensément pour conduire, c’est la mémoire procédurale qui prend le relai.
Nous avons alors l’impression d’être multitâches, ce qui est faux. Nous faisons simplement appel à la mémoire procédurale pour réaliser des actions acquises qui ne nécessitent plus de se concentrer, par exemple : marcher. En revanche, un enfant qui est en train d’apprendre à marcher devra faire un effort de concentration, il utilisera par ailleurs la mémoire de travail.
La mémoire séquentielle
Lorsque nous retenons des informations dans un ordre bien précis, nous sollicitons la mémoire séquentielle. La notion de temporalité entre en jeu. Ce type de mémoire est surtout utilisé par les musiciens, les écrivains ou encore les sportifs.
1 - La motivation
Lorsque nous faisons le choix de mémoriser une information, ou un apprentissage, la première étape consiste à comprendre pourquoi nous souhaitons atteindre cet objectif et quels bénéfices nous pouvons en tirer. L’idée derrière cette étape est de développer la motivation intrinsèque au processus de mémorisation, ce qui rend l’effort cognitif plus facilement réalisable.
Nous cherchons ici à déclencher un cycle :
- J’apprends et je mémorise une nouvelle information.
- Je réussis à retenir cette information.
- Je développe une bonne estime de moi, je suis compétent(e).
- Je génère de la motivation pour aller plus loin dans mon apprentissage.
- Je reviens à l’étape 1.Cette notion d’étapes est particulièrement importante, car lorsque nous essayons de mémoriser trop d’informations d’un seul coup, les erreurs s’accumulent, l’estime de soi baisse et la motivation disparaît. Voilà pourquoi dans les apprentissages linguistiques, par exemple, commencer par des bases simples apparaît nécessaire, voire obligatoire.
2 - La compréhension
Vous ne pouvez pas mémoriser efficacement et durablement des informations que vous ne comprenez pas. Durant cette étape, vous devez vous assurer de comprendre la totalité de l’information que vous souhaitez retenir, de sorte qu’il ne reste aucune zone d’ombre. Le meilleur test pour savoir si vous comprenez l’information consiste à savoir si vous êtes capable de l’expliquer à une personne tierce, de manière à rendre l’information synthétique, mais aussi d’être capable de répondre aux éventuelles questions.
3 - Les techniques de mémorisation
Vous avez beau comprendre les informations que vous souhaitez retenir, quand celles-ci deviennent trop nombreuses, il devient trop difficile de toutes les intégrer durablement. Cependant, grâce à des techniques de mémorisation, il devient possible de se souvenir de dizaines voire de centaines d’informations. L’objectif ici est de créer des chemins de pensées logiques et facilement empruntables lorsqu’il est nécessaire de se souvenir des informations.Pour en savoir plus sur les techniques de mémorisation adaptées à l’apprentissage, nous vous conseillons cet article de Jean-Yves Ponce : «Comment adapter les techniques de mémorisation à vos cours».
4 - L’ancrage mémoriel
Bien que contradictoire, oublier est une étape naturelle de la mémoire, qui profite de l’état de sommeil pour balayer les informations « inutiles ». Alors, même si vos informations sont comprises et désormais faciles à retrouver grâce aux techniques de mémorisation, elles ne sont pas pour autant stockées dans votre mémoire à long terme. Pour cela, il est nécessaire de les réactiver, notamment en faisant des révisions ou en mettant en pratique ce que vous avez appris.
Découvrez notre podcast Never Stop Learning
Cet article est construit à partir de l’échange entre Jean-Yves Ponce et Gérard Peccoux, président de Callimedia, durant l’épisode 24 de notre podcast Never Stop Learning, Formation et ancrage mémoriel ou comment mémoriser efficacement. Si vous souhaitez aller plus loin dans la compréhension de la mémoire, nous vous recommandons les ouvrages de Jean-Yves Ponce, notamment «Boostez votre mémoire – Mémorisez l’impossible en vous amusant», qui a été cité plusieurs fois lors de l’épisode du podcast.