L’hybridation de la formation professionnelle : les 3 dimensions

Date de parution

08/09/2021

Philippe Lacroix est le co-fondateur de ILDI, un cabinet de conseil en stratégie de la formation digitale. Il est également co-auteur du livre « Neurolearning, les neurosciences au service de la formation » en compagnie de Nadia Medjad et Philippe Gil. Véritable référence et influenceur de l’e-learning français, Philippe Lacroix nous partage dans cet article sa vision sur l’hybridation de la formation professionnelle.

Les nouvelles conditions de travail

L’année 2020 a complètement bouleversé les codes du travail et de la formation professionnelle. Nous avons dû nous adapter rapidement, et souvent avec les moyens qui étaient préalablement à disposition.

Fort heureusement, nous sommes dans une époque où le digital nous permet de trouver une alternative à la présence physique. Le télétravail nous a conduit à pratiquer de nouvelles façons de collaborer, notamment grâce aux différents outils comme Zoom, Teams ou encore Google Meet

Revisiter la formation professionnelle

Bien entendu, la formation a également connu certains changements à la suite de ces évènements. Afin de faire face, il nous faut exploiter un courant de fond qui existait déjà dans certaines entreprises aux budgets élevés : explorer, expérimenter et investir dans l’e-learning.

En revanche, les technologies et le digital learning ont bien évolué depuis. Il y a énormément de modalités disponibles et celles-ci ne sont plus forcément réservées à une élite qui aurait une maîtrise technique et un budget infini

La multimodalité pour améliorer le parcours de formation

Pour former efficacement un apprenant, il faut parvenir à transformer un savoir en savoir-faire opérationnel, personnel et utilisable pour celui-ci. L’activité de formation, ce n’est pas formaliser un savoir, mais plutôt faire comprendre les notions et les rendre actives dans le temps.

Dans le but d’atteindre cet objectif, il faut que l’apprenant s’approprie ce savoir, pour cela, il faut « faire », et non pas seulement écouter. La question que nous devons nous poser en tant que formateurs devient alors : « Qu’est-ce que je veux faire « faire » à l’apprenant ? ».

De cette manière, nous pouvons découvrir les différentes modalités que nous devons mettre en œuvre dans le parcours de formation. Le panel utilisable est très large :

  • Vidéo pédagogique
  • Mobile learning
  • Réalité virtuelle
  • Réalité augmentée
  • Univers à 360°
  • Social learning
  • MOOC

    Tout cela est réalisable avec un brin de curiosité et un minimum d’investissement. La multimodalité constitue l’un des éléments qui créent la réussite du digital learning. Chaque apprenant ayant des sensibilités différentes, nous avons plus de chance de tomber en adéquation avec la grande majorité si l’on varie les modalités. De même, nous évitons ainsi de tomber dans la lassitude et le répétitif.

  • Les trois dimensions de l’hybridation de la formation

    L’hybridation consiste à rompre l’unité de lieu, de temps et des modalités, qui ont été rassemblés jusqu’à présent dans la salle de formation en présentiel. Voyons voir comment cela est applicable en pratique.

    L’espace

    Avant l’essor du digital learning, il n’existait qu’un seul espace de formation privilégié qui était la salle, où l’on réunissait tout le monde au même endroit. Désormais, il paraît inhumain de passer 3 jours consécutifs devant une réunion Zoom. Afin de pallier cela, il nous faut trouver différents espaces, pour passer d’un lieu unique à des lieux multiples.

    Les possibilités sont encore une fois nombreuses, en voici quelques exemples :

  • Des plateformes d’e-learning en autoformation ;
  • Des espaces sociaux de chat en ligne, comme des conversations WhatsApp ;
  • Des forums ;
  • Des salons virtuels

    Quand nous passons d’un lieu unique à des lieux multiples où tout le monde n’est pas forcément présent au même moment, nous allons incontestablement ajouter une nouvelle notion : l’hybridation du temps.

  • Le temps

    Nous passons d’un espace-temps commun (où tout le monde est dans la même salle en présentiel) à des espaces et des temps, où chaque temps est principalement individuel. Cela crée alors la liberté d’organiser son parcours de formation, notamment grâce aux modalités digitales et hybrides. Cependant, le parcours apprenant prend une dimension de temps asynchrone, où les participants n’évoluent pas tous en même temps.

    Prenons trois exemples de modalités avec des notions de temps qui diffèrent :

  • La salle virtuelle : synchrone, tout le monde peut se rejoindre au même moment.
  • Les groupes WhatsApp: asynchrones, le temps entre les échanges est soit très bref, soit très long.
  • Les modules e-learning en autoformation : asynchrones, cependant il faut être en mesure de suivre le groupe et le calendrier de formation.

    Maintenant, une difficulté pour mesurer le temps passé en formation apparait. Cela devient plus subtil de savoir quand et comment considérer que le temps consacré à se former est suffisant, car tous les apprenants ne vont pas compléter leur parcours dans les mêmes délais.

    L’unité de mesure devient différente. Nous oublions le temps au profit des notions d’avancement dans la formation et de complétion. Nous intégrons également la notion de parcours personnel, et d’adaptive learning : adapter son temps et son intensité de formation selon ses propres difficultés et sensibilités.

    Il est bien évidemment possible d’intégrer un tuteur, un superviseur ou un mentor pour cadrer ce parcours de formation. En revanche, il faut lâcher prise sur le contrôle total des apprenants. Afin de garder un suivi, nous pouvons créer des rendez-vous à certains points clés de la formation pour établir des contrôles réguliers.

  • Les relations

    Le rôle du formateur consiste à accompagner les apprenants dans leur parcours d’apprentissage, et à les aider à surmonter leurs difficultés ainsi que leurs éventuelles incompréhensions. Le formateur possède également le devoir de leur apprendre à retrouver par eux-mêmes des capacités d’autodidaxie, qui existent chez tout le monde depuis le plus jeune âge.

    Ainsi, il doit accompagner les apprenants pour qu’ils soient en mesure d’appréhender ce nouvel environnement de formation, d’utiliser les FAQ, de rechercher sur internet, d’échanger avec les participants, ou encore d’essayer de mettre en œuvre par un système d’essai/erreur.

    De ce fait, le formateur adopte une posture d’arrière-plan générale à tous les accompagnements dans les dispositifs digitaux, sans perdre de vue l’accompagnement principal dans la formation que les apprenants sont en train de suivre.

    Découvrez notre podcast Never Stop Learning

    Cet article est construit à partir de l’échange entre Philippe Lacroix et Gérard Peccoux, président de Callimedia, durant l’épisode 10 de notre podcast Never Stop Learning. Si vous souhaitez aller plus loin dans la découverte de la formation hybride, nous vous conseillons vivement d’écouter l’intervention de Philippe Lacroix ou de consulter son ouvrage.